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Impossible Project – Polaroid : 8 ans après (partie 6)

Quelles réflexions poser sur les produits Polaroid (anciennement Impossible Project) depuis 2011 ? Qu’en est-il de la démarche photographique ?

En 2011, j’avais émis une réflexion sur le procédé photographique instantané avec le lancement commercial des premiers films Impossible Project. Mon avis sera nettement plus nuancé 7 ans après.

Avant de commencer, je préciserai que je ne suis pas un fervent défenseur du système Polaroid mais je ne suis pas également un détracteur de ce procédé. J’essaierai donc de confronter mon avis de 2011 avec celui d’aujourd’hui. Evidemment, cette comparaison temporelle est totalement subjective. C’est un point à garder à l’esprit.

Il est également important d’insister que la démarche photographique prendra une place prépondérante dans ma vision actuelle.

Impossible Project devient Polaroid Originals

Je profite donc de cette nouvelle appellation des produits originaux pour confronter les points positifs de l’époque. Sont-ils toujours d’actualité ?

Les + :

  1. Le charme du procédé, l’audace du Polaroid et la manipulation créative sont toujours bien présents. Mon avis reste donc toujours positifs face à ces différents points énoncés en 2011.
  2. L’utilisation et la qualité reflex du Sx-70 est indéniable. La mise au point manuelle (et/ou autofocus avec le Sonar) ainsi que la robustesse du matériel sont des nouveaux points à souligner.
  3. La facilité du Polaroid 660 Sun Autofocus (de type 600) au quotidien. Facilement transportable.
  4. La gamme des films 600 (qui sont utilisables dans un appareil sx-70 via une petite manipulation très simple). La richesse et les différentes collections éphémères sont appréciables. Le packaging est fun. Exemple d’une série que j’ai réalisée en 2017 avec des polaroids à la teinte rosée (Duochrome Pink) pour le  fanzine  » TROUBLE » ciblant l’identité d’une ville par le prisme du tatouage.
  5. Les produits ont bien évolué depuis 2011 et l’avis que j’avais porté à l’époque n’est plus d’actualité. A partir de 2013, la firme Impossible Project a réussi à atteindre un premier pas vers une certaine stabilité dans le développement (attention j’ai une petite réserve voir points négatifs plus bas). L’entreprise continue d’innover en terme de rendu et dans les mises à jour des chimies. En février 2018, la version couleur (qui a été en bêta depuis presque un an) » semble » rivaliser avec la chimie Polaroid de l’époque d’après certains utilisateurs.
  6. La firme Impossible Project propose des séries limitées dans le temps comme Keith Haring ou « Third Man Records Edition » (partenariat avec Jack White). L’audace est donc au rendez-vous.
  7. Avec la main mise du nouvel actionnaire majoritaire Wiaczeslaw ‘Slava’ Smolokowski et la fusion de l’appellation Polaroid – Impossible, de nombreux accessoires ont vu le jour comme des lentilles pour les Polaroid 600 et SX-70. Cela reste intéressant mais pas indispensable non plus.

Les – : 

  1. Le prix des consommables est le point le plus important. Avec des prix qui varient entre 16€-22€ pour 8 expositions, cela reste onéreux. Faire de la photographie instantanée a un coût lorsque l’on utilise les produits de « Polaroids Originals ». L’alternative se situe-t-elle au niveau de Fuji ? (J’aborde le cas d’Amazon dans le point négatif 5)
  2. Le point numéro 6 de l’aspect positif met en avant l’audace d’Impossible Project. Malheureusement, la firme n’existe plus car elle est devenue « Polaroid Originals« . De nouveaux actionnaires sont devenus majoritaires et donc des changements dans la ligne directrice créative sont peut-être à prévoir. A l’heure où j’écris ces ligne, le shop de « Polaroid Originals » ne comporte pas des initiatives comme celles citées plus haut. La nouvelle vision décidée par le nouveau conseil d’administration jouera-t-il la sécurité ou continuera-t-il le coup de folie qui faisait le charme d’Impossible Project ?
  3. Avec le rebranding et le nouveau packaging, l’aspect commercial à outrance semble se profiler comme la mise en avant de T-shirt, de sacs, de cadres,… Bref, on sent bien que le chemin de la consommation de la marque est en route. En soi, cela n’est pas un aspect négatif mais je préfère que la société continue de travailler sur les chimies ou sorte de nouveaux formats comme le 4×5 ou une renaissance du format FP100 (ce dernier est mort avec l’arrêt de production de Fuji en 2016).
  4. Je parlais dans les points positifs que la recherche autour des chimies était toujours d’actualité. Bien que l’avancée soit présente, j’ai remarqué dans ma pratique personnelle que certains polaroid pouvaient « baver » en terme de chimie. Attention, je ne parle pas des polaroid couleurs mais bien de la gamme n&b. Une légère manipulation accentuée (comme scanner le polaroid par exemple) peut provoquer un léger écoulement de la chimie sur l’image en partant du haut. J’ai quelques exemples de cet écoulement jaune dans ma série photographique : « La voix révélatrice« .
  5. Ce point négatif n’est pas entièrement dépendant de la firme Polaroid Originals mais je me dois de l’aborder car j’ai eu quelques mauvaises surprises personnelles. Je vais parler de l’état et les commandes des cartouches. En effet, lorsqu’arrivera le moment de commander vos Polaroid, vous regarderez (à juste titre) l’endroit où ceux-ci sont les moins chers. En effet, au vu du prix sur le site officiel (19€ pour 8 Polaroid), il sera certainement intéressant de comparer les différents sites de vente. Si vous suivez le même chemin que moi, vous verrez une différence de 3€ avec Amazon par exemple. Le soucis est que le prix moins cher peut cacher des soucis que j’ai rencontrés dans ma pratique :
  • Dates périmées
  • Cartouches dont la pile est déchargée ( à cause d’un mauvais stockage par les sous-traitants d’Amazon) –> les Polaroid ne sortent pas
  • Les chimies qui ont subi de fortes différences de températures –>  soucis de rendu

Il existe certainement d’autres points positifs et négatifs sur l’utilisation du procédé instantané Polaroid.

Je terminerai  cet article en appuyant sur l’essentiel : la démarche photographique. Le Polaroid ne reste qu’un outil parmi d’autres. Qu’est-ce que j’ai envie de transmettre ? Pourquoi le choix d’un tel format ? Qu’est-ce que cela apporte au projet général ?, ect… Le choix du Polaroid ne reste donc qu’au service d’une réflexion globale au sein de votre photographie.


Dossier et réflexions autour de Polaroid
Réflexions menées en 2011 autour de Polaroid