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« I’m a cliché ! » ou les seventies de l’underground

Entre puissance, mouvements des corps et concerts emblématiques, la photographe Sue Rynski était au festival annuel « Rencontres d’Arles 2010″ pour parler de l’exposition « I’m a cliché ! »

Cette année, le festival « Rencontres d’Arles 2010 » accueillait la photographe percutante Sue Rynski. Accompagné du commissaire d’exposition Emma Lavigne, la chaîne de télévision « Arte » propose un reportage très intéressant sur la série « I’m a cliché ! »

You are a cliché ?

L’exposition s’ouvre sur les portraits des membres de « Velvet Underground » filmés par la camera d’Andy Warhol et capturée par le photographe Stephen Shore . L’exposition ne va pas par quatre détours : l’ambiance générale est posée.  Série qui découle de l’esthétique liée au mouvement Punk, l’urgence, la liverté et la puissance sont mis en avant des les photographies proposées.

D’après Emma Lavigne (commissaire d’exposition) :  » … Nous sommes loin de la photo rock classique où les photographes sont soit backstage, coulisses en essayant de trouver le meilleur angle. Nous sommes loin des photographes qui vont attendre avec de longs temps de pause pour avoir le meilleur cliché. Ici ce qui intéressent les photographes, c’est de saisir l’instant… « 

Qui est la photographe Sue Rynski ?

Sue Rynski est reconnue comme une figure culte de la scène rock underground de Détroit à la fin des Seventies.  Elle fera ses armes avec le groupe rock « Destroy All Monsters ». Elle connaîtra l’effervescence du Bookie’s Club 870 et y élira domicile. Elle sera partout, sur scène, en coulisses, dans les loges.

Ses photographies délirantes traduiront la vitalité et la passion du mouvement musical de l’époque. Elle saisira Iggy Pop, Patti Smith, Ron Asheton, Sonic’s Rendezvous Band, Pere Ubu, The Dead Boys, Johnny Thunders… pour ne citer qu’eux.

Le Polaroid est mort et pourtant n’a jamais été aussi présent

Le Polaroid est bien enterré mais il n’a jamais été aussi à la mode ! Sa rareté et son côté rétro font de lui un appareil de légende soumis à toutes les convoitises.

La photographie instantanée s’est révélée avec le Polaroïd et non avec la venue de la photographie numérique.  Pour les profanes, le Polaroïd dit « Le Pola » est un appareil qui recrachait les photographies directement une fois le cliché effectué.  En un clic, une photographie au format carré (avec des bords blancs) sortait de l’appareil en quelques secondes.  Le cliché pouvait donc être donné directement au modèle par exemple.  Un système révolutionnaire pour l’époque !

Le Polaroid est une photo sans témoin, qui ne transite plus par un laboratoire de développement.  L’appareil est devenu le fer de lance du verbe « Oser ».  On ose photographier sa petite amie nue sur le lit dans une position coquine. On enregistre tout, une assiette, un coin de chambre, le tombé d’un rideau dans un rayon de soleil. Certains se sont mis à aimer les photos ratées aux couleurs voilées.  Des collectionneurs se sont rués vers ces petits sésames en papier.  C’est le procédé de la rapidité et la liberté personnelle.

Le Polaroïd, toute une histoire !

Tout commence en 1948 avec un scientifique américain du  nom de Edwin Land qui l’ingénieuse idée de sensibiliser et de développer le film à l’intérieur de l’appareil lui-même. La petite histoire veut que la fille du scientifique, prise en photo par son papa un soir de Noël, lui demande pourquoi elle ne peut pas avoir sa photographie tout de suite. Il faudra attendre 5 années pour rendre le processus viable.

Il reprend donc la base même de la photographie argentique et du labo au sein de sa machine portative.  La première génération du « Pola » mit une minute pour sensibiliser, révéler et fixer le cliché sur le papier.  Exclusivement monochrome, c’est en 1968 que le système s’adapte au film en couleur (Polacolor).

Le photographe de mode, Paolo Roversi se souvient avec émotion de sa rencontre avec un enfant indien sur la route de Bénarès. « Je n’oublierai jamais son expression. Il n’aurait pas été plus étonné s’il m’avait vu marcher sur les eaux du Gange, ou descendre d’un vaisseau spatial. Je l’avais simplement photographié en Polaroid . »

Malgré la popularité du concept, l’entreprise met la clef sous la porte en 2008.  A l’heure actuelle, les derniers stocks de film se vendent à des prix d’or car ils deviennent très rares et la presque totalité des stocks se sont écoulés en 2009.

Oliviero Toscani (Italie), « Andy avec un appareil photographique », 1975. Tous les polaroïd présentés dans cette page sont exposés à Arles dans « Polaroïd en péril » – Courtesy The Polaroid Collections / Musée de l’Elysée, Lausanne

C’est dans sa mort que le Polaroïd argentique se fait une nouvelle vie

La rareté et la complexité de se procurer le matériel pour faire fonctionner son Polaroïd a transformé l’avenir de l’appareil. Il devient un effet de mode pour les artistes et les gens fortunés qui dépensent des sommes folles pour en faire quelques clichés.  La mort du Polaroïd en a fait un objet de tendance et à la mode.  La venue du Polaroïd au format numérique ne prend pas et la nostalgie de l’argentique se fait ressentir chez les artistes.

Avec ce regain d’intérêt, la célèbre marque a officialisé le lancement d’une nouvelle ligne de Polaroïd sous la houlette de Lady Gaga, chanteuse provocatrice et en vogue.  De l’autre côté du monde, aux Pays-Bas, une équipe de passionnés a racheté la première usine de Polaroïd et relance la production de films sous le nom de « The Impossible Project« .