Lors de la partie 1, nous avons découvert la charte d’approximation et de mesure de l’exposition. Nous analyserons dans cet article, les différents composantes de cette charte.
Décortiquons ensemble le vocabulaire
* Exposure values numbers : deux aspects sont à observer :
a) Cela va de 100 à 1600. Pas besoin de m’étendre là-dessus, cela correspond à l’asa de votre film ou l’iso utilisé avec votre appareil numérique.
b) Dans chaque colonne qui s’étend de 100 à 1600, il y a des nombres allant de 18 à -6. Ces nombres correspondent à des situations réelles ou des contextes dans lesquels vous pourriez vous trouver.
* Exposure Setting : deux aspects sont à observer qui donnera le couple vitesse-diaphragme correspondant :
a) Cela va de f/1 à f/22. Cela correspond à l’ouverture du diaphragme.
b) Dans chaque colonne qui s’étend de f/1 à f/22, il y a des nombres allant de 8000 (ou 1/8000) à 60 ». Cela correspond à la vitesse.
Explication des nombres allant de 18 à 6 dans les colonnes correspondant aux asa/iso
Comme expliqué brièvement juste avant, ces nombres sont des évaluations de scène. Exemple : le nombre 10 correspond à une scène où le photographe serait dans un contexte où il veut prendre des photographies de paysage juste le lever du soleil avant ou juste après le coucher du soleil.
Situation 1 : Je suis avec mon Mamiya. J’y ai mis un film de 400 asa. Je suis dans un champs et le soleil vient juste de se coucher. Je ne sais pas mesurer l’exposition car l’appareil ne le permet pas et je ne dispose pas de cellule à main. Comment faire ?
Je sors mon petit papier de mon sac. D’un côté, il y a la grille de relations (voir ci-dessus). De l’autre, il y a les situations ou contextes photographiques. Je regarde les contextes donnés et cherche le nombre qui se rapproche le plus de ma situation actuelle. Le nombre donné est le 10.
J’ai envie d’une large profondeur de champs pour être net sur toute ma photographie et je fais le choix d’opter pour une ouverture de diaphragme de f/16.
Quelles sont les données à ma disposition pour le moment ?: 400 asas (film) – f/16 (ouverture) – 10 (contexte photographique).
Quelle vitesse choisir pour avoir une bonne exposition ? C’est ici que mon tableau entre en jeu.
1) Je regarde la colonne des 400 asas.
2) Ensuite je descends jusque le numéro 10. J’y laisse mon doigt.
3) Avec mon autre main, je prend la colonne de f/16.
4) Je pars de mon numéro 10 en horizontal pour atteindre la colonne f/16. J’arrive au nombre 15 dans la colonne f/16.
Cela signifie que je dois régler ma vitesse à 1/15 pour avoir une bonne exposition. En gros, si je choisis : 400 asa, f/16, contexte 10 alors il me faut une vitesse de 1/15 pour avoir la bonne exposition.
A l’heure où tous les outils électroniques font la majorité du travail, il existait une époque où les choix artistiques se faisaient avec la tête. Comment mesurer approximativement une exposition sans cellule électronique ?
Depuis quelques semaines, j’ai fait l’acquisition d’un Mamiya C3 (appareil photo moyen-format). Cet appareil argentique est entièrement mécanique et ne possède aucun système de mesure d’exposition. Datant des années 60, sa qualité de fabrication laisse présager un appareil de qualité.
De nombreux photographes talentueux ont toujours utilisé des appareils argentiques mécaniques sans pouvoir mesurer l’exposition et pourtant, leurs clichés sont grandioses ! Comment faisaient les photographes dans les années 50 par exemple pour réaliser leurs photos ?
Une question reste tout de même en suspension : comment savoir quelle vitesse utilisée avec quel diaphragme en tenant compte de la mesure Asa du film que j’ai envie d’utiliser ? Si cette question te semble pertinente, je pense que tu trouveras un commencement de réponse dans cet article.
Une solution parmi d’autres
Je ne suis pas très fort – et soyons honnête, je n’en touche pas une ! – en « mathématique photographique ». La première solution serait de m’acheter une cellule d’exposition à main. Il en existe énormément sur le marché et cela faciliterait mes prises de vue avec le Mamiya. Si ce choix vous paraît une évidence, vous pouvez arrêter votre lecture et vous remercie de votre visite.
Pour les plus curieux, j’utilise une charte d’approximation pour évaluer l‘exposition de la scène. Cette charte est dans mon sac photo et me sert de repère lorsque j’utilise le Mamiya C3. Au premier abord, celle-ci peut sembler rébarbative et compliquée. Sachez qu’il n’en est rien et sa facilité d’utilisation n’est pas à refaire !
Pour Diane Arbus, le sujet de la photo est plus important que la photo elle-même.
Les photographes sont des observateurs. Certains sont mystérieux. Ce qui n’est pas le cas de Diane Arbus qui livre, dans ses écrits et carnets, tout ce qui lui vient à la tête.
En 1961, Diane Arbus déclare : « Le monde est plein de personnages de fiction à la recherche de leur histoire. »
Cette artiste aime les paradoxes. Elle met en scène le jardin d’Eden où c’est le serpent qui succombe à la tentation par exemple. Elle est attirée par les excentriques, le siamois, les jumeaux, les fêtes foraines avec leurs tentes des horreurs, nudistes, enfants de familles riches ou aveugles pour ne citer qu’eux.
Ses carnets sont fortement liés à ses créations photographiques. Elle fait énormément de listes. Ses carnets sont une multitude de listes de gens à voir, de projets à réaliser. Diane Arbus pense avec des ensembles et par séries. « Sans liste raisonnable, on ne sait ni quoi ni où photographier. », disait-elle.
La toile de fond de son oeuvre a toujours guidé ses pas que ce soit pour son travail personnel, des contrats avec des magazines ou l’acquisition d’une bourse. Cette toile de fond directrice peut être résumée en ces mots : « Le cours de la vie humaine vers un avenir souvent imprévisible. »
Beaucoup de ses photographies présentent des exemples où les acteurs mis en scène ne choisissent pas leur destinée. En 1961, elle prend en photo des frères siamois morts dans un bocal sous une tente de forains dans le New Jersey. C’est un exemple type de personnages qui n’ont pas choisi leur destin.
Diane Arbus a été fort influencée par Lisette Modelqui lui apprend : « Plus on est particulier, plus on est universel. » Ces termes photographiques ont marqué les choix de Diane pour le restant de ses jours.
Diane sait que réussir de bonnes photographies n’est pas une question de technique. Il faut avoir le bon réflexe au bon moment et cela n’est pas donné à tout le monde. Elle disait à qui veut l’entendre : « Rien n’est jamais comme on a dit que c’était. » Elle part du principe qu’il existe des gens qui sont allés au-delà des limites mais qui ont survécu, et leurs portraits nous aident à retracer par où ils étaient passés. Les portraits de Diane sont ceux de gens qui lui rappellent sa propre expérience.
Elle se suicidera en 1971 aux médicaments suite à une forte dépression.
Concept artistique
Diane Arbus est connue pour les photographies montrant des gens étranges, des monstres de cirque ou des siamois tout en présentant un naturel déconcertant. Ses portraits de New-Yorkais, dans la rue ou posés dans un salon bourgeois, ne sont pas non plus dépourvus d’interrogations. C’est aussi cela la force qu’a Diane dans sa conception photographique.
Vers la fin de sa vie, elle sera en recherche de vérité photographique. Faire tomber les masques que la photographie apporte en photographiant des aliénés ou des aveugles qui ne se rendent pas compte de l’image qu’ils renvoient par exemple. Une semaine avant son suicide, elle participe au pic-nique de la Fédération des Handicapés. Elle sait que ses sujets n’ont aucune idée de ce qu’ils font, de comment ils sont vus. Déguisés, masqués, ils n’ont rien à voir avec le regard du photographe sur eux.
En parcourant son oeuvre, on peut remarquer que Diane Arbus aimait les nudistes. Des hommes et des femmes faisant des gestes quotidiens sans être cachés par leurs vêtements. Peut-on faire un parallélisme avec une certaine quête de vérité photographique énoncée plus haut ?