30 ans d’images avec le New York Times Magazine à Arles : partie 3

Ryan McGinley / Jeux Olympiques d'hiver

S’il existe bien un anniversaire autour du photojournalisme, c’est bien celui du célèbre New York Times Magazine. Alors, je ne ferai pas celui qui a défendu ce fruit artistique et journalistique car j’ai vraiment découvert les choix éditoriaux, la vision novatrice de Kathy Ryan (directrice photo de la revue) et la narration par l’image lors des deux expositions proposées aux Rencontres Photographiques d’Arles 2011.

Le choix iconographique ou le défi que s’impose chaque jour le New York Times Magazine

L’exposition principale présentée à l’Eglise Saint-Anne est d’une richesse photographique et journalistique pour plusieurs raisons. Le plus intéressant de ces aspects restent celui mettant l’accent sur la face cachée du processus de création vers l’idée qui sera ensuite une page imprimée. Nous sommes bien loin des belles images accrochées sur un mur mais bien dans un envers du décor qui veut former un tout avec les images proposées.

Au quotidien, des histoires se passent chaque jour. Le rôle de l’équipe composée de cinq iconographes participant au service photo du « NYTM » est d’essayer de les illustrer avec une approche variée, originale. Tout le défi est de sortir des sentiers battus et des images que l’on retrouve dans tous les magazines, journaux, revues, sites Internet ou réseaux sociaux qui font le tour du monde.

Les questions sont multiples et les débats fusent bien évidemment. Faut-il apporter un portrait en studio, faut-il se tourner vers une approche documentaire, doit-on privilégier une photographie conceptuelle pour mettre en avant l’idée ou bien utiliser un studio avec des costumes ?

Kathy Ryan définit le style du magazine comme un défi autour de l’inattendu, l’originalité, la simplicité tout en restant intelligent avec un brin de provocation.

Il faut que l’image ait un sens, mais surtout, et toujours, une humeur.

Une petite parenthèse sur l’idée philosophique que prône Kathy Ryan

Cette couverture montre la force des choix photographiques du New York Times Magazine

J’ai suivi la conférence du 8 juillet 2011 traitant de  » La photographie peut-elle faire vendre des journaux en 2011 ? « . Lors du débat, Kathy Ryan a expliqué sa philosophie qu’elle a instaurée dans le « NYTM » en quelques points très intéressants. Par exemple, elle privilégie et donne une chance à la jeunesse photographique. Cela peut sembler fou mais les grands noms de la photographie que l’on retrouve dans le NYTM ont été découverts bien avant leur célébrité comme Paolo Pellegrin.

Un autre point qui me semble vraiment essentiel est de lancer des photographes dans des domaines qu’ils ne connaissent pas. Exemple : prenons le sujet des Jeux Olympiques d’hiver. Sujet devenu presque banal visuellement car toutes les images se ressemblent. Pour couvrir un tel évènement, Kathy Ryan a préféré envoyer un photographe spécialiste du portrait en lui demandant de réaliser une série documentaire. C’est un risque payant car ce photographe va se lancer dans un genre dans lequel il n’excelle pas et donc ne produit pas des stéréotypes d’images communes. La série sur les Jeux Olympiques est fabuleuse et le pari est réussi.

La force visuelle du New York Times Magazine est l’originalité et d’autres exemples sont venus ponctuer le débat mais que je ne citerai pas ici.

En me permettant de faire une petite parenthèse, Kathy Ryan avait à ses côtés ce jour-là différents intervenants dont la rédactrice en chef du Monde Mag et celui de Télérama pour ne citer qu’eux. Et c’est là que toute la fracture est visible et que les risques visuels de grands quotidiens français sont ridicules. Je n’ai jamais entendu de la bouche spontanément des directeurs français qu’ils laissaient la place aux jeunes par exemple.

Je ne veux nullement faire un procès d’intention mais le ressenti après conférence est celui-ci : l’orgueil de la vieille Europe est nocive à une presse photojournalistique officielle de qualité. Je prendrai le temps de discuter autour de cette impression dans un futur article plus détaillé.

Le challenge est la clef de tout

 » Nous pouvons passer des heures à choisir une photo de reportage sur le Yémen comme concevoir une image de sport à toute vitesse, ne consacrer que dix minutes au choix d’un photographe comme recommencer vingt fois la prise d’un portrait  » (dixit Kathy Ryan pour l’Edition Spéciale du Le Point sur les Rencontres Photographiques d’Arles).

L’exposition

L’exposition tourne autour de 11 axes qui mettent l’accent sur un projet ou une série parue dans les pages du magazine. C’est l’éclectisme qui est véritablement au rendez-vous.

De plus vous y découvrirez des visuels de la commande effectuée au photographe, des listes de prises de vue, des planches contacts ou des vidéos par exemple. Cette exposition met également l’accent sur cet aspect collaboratif entre tous les acteurs de la genèse de l’idée jusqu’à l’image imprimée et choisie.

Sebastio Salgado / Puit de pétrole au Koweit

Les différentes parties proposées dans ce dossier sur « Les Rencontres d’Arles 2011 »

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6 réflexions sur « 30 ans d’images avec le New York Times Magazine à Arles : partie 3 »

  1. Bonjour,
    bravo pour votre site et votre magazine. J’ai vraiment adoré votre compte rendu de cette expo que je me suis permis de le reprendre pour le partager sur ma page facebook photo (Francois Laxalt (http://www.facebook.com/laxaltphoto). J’ai bien sûr intégré un copyright 😉

    J’attends avec impatience le compte-rendu de l’expo From Here On? Je suis impatient de savoir ce que vous avez pensé des poules ou du peintre avec son peinceau si spécial 😉

    François

  2. Bonjour François,
    Merci beaucoup pour ton commentaire et il n’y a pas de soucis pour l’utilisation de l’article car tu respectes l’auteur. Pour ce qui est de l’exposition « From Here On », je vais le publier d’ici quelques minutes. Tu n’hésites pas à me dire ce que tu en as pensé également !
    A très bientôt !

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