Posts Tagged ‘Marchienne’
Quand la neige tombe sur les reliques de l’industrialisation
Accueil > Liste des reportages > Le long du canal industriel entre Charleroi et Marchienne
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C’est dans un hiver habillé de son blanc manteau que je me suis lancé dans la découverte de cette ville symbolique de l’ère industrielle belge. Entre les bruits de moteur des péniches, des mouettes et des flocons, je contemple le haut-fourneau n°4 qui domine le pôle sidérurgique de Charleroi. La récente actualité présage la mort de ce dinosaure industriel. L’hiver sera dur, trop dur…
Le choix du noir et blanc est une évidence. Entre la luminosité de la neige et la tristesse de ce parc de métal éteint, j’ai essayé un traitement plus doux en terme de contraste tout en accentuant sur certaines zones un noir plus marqué.
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Forges de la Providence – Rockerill
Accueil > Liste des reportages > Exploration de l’essence même de l’industrialisation à Charleroi reconverti en lieu culturel
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Endroit décontracté et ambiance sympathique, ce post est le reflet d’un reportage réalisé à Marchienne au sein d’un site industriel réhabilité en zone culturelle.
Qu’est-ce que les « Rockerill » ?
Les anciennes forges de la Providence situées dans la région carolorégienne sont devenues un lieu de culture urbaine. En effet, l’asbl Rockerill a réaménagé les lieux sans les dégrader. Par ce biais, l’endroit est bien loin des réhabilitations imposées par le Plan Marshall. Je me permettrai de décrire cette réhabilitation comme un projet concret qui a pour objectif la mise en valeur et le soutien à des artistes locaux.
« La providence » n’est plus un pôle industriel mais bien un moteur de dynamisation culturel. De nombreux évènements y sont organisés tels que des concerts, des expositions, de l’art plastique ou numérique, du théâtre, du cinéma, de la danse ainsi que les arts dits « de rue ».
Plus qu’une asbl d’organisation, les locaux des Rockerill sont également à la disposition d’autres organisations nationales et internationales intéressées d’un point de vue artistique ou par une location du site. Pour terminer, les « Rockerill » encouragent et soutiennent les artistes de tous les horizons via leur propre label de production.
L’asbl travaille avec le collectif d’artistes alternatifs de Marchienne-au-Pont : Les Têtes de l’art. Parti d’une exposition en 2001, le collectif a des idées plein la tête et un énorme talent à revendre. En plus d’un aboutissement artistique, Les Têtes de l’Art créeront une coopérative : « Les Forgerons de la Providence ». Une œuvre à objectif social couplé à des idées artistiques.
L’histoire des forges de la Providence
La Révolution industrielle a bouleversé la métallurgie traditionnelle. De 1820 à 1840, l’adoption du coke comme combustible, au lieu du charbon de bois, et l’emploi de machines à vapeur, vont provoquer le déplacement progressif des centres métallurgiques des régions forestières vers les bassins charbonniers. Cela va donner naissance à d’importantes entreprises comme la « S.A. des Laminoires, Hauts Fourneaux, Forges, Fonderies et Usines de la Providence. »
L’histoire de Marchienne va radicalement être bouleversée avec l’arrivée d’un certain Thomas Bonehill. Cet ingénieur anglais participera grandement à la révolution industrielle de Charleroi. Tout commencera lorsque Bonehill rencontre Ferdinant Puissant d’Agimont. Les forges de la Providence verront le jour en 1832.
Le 21 février 1838, les forges deviendront une S.A. sous le nom de : » Société Anonyme des Laminoirs, Haut-Fournaux, Forges, Fonderies et Usines de la Providence ». Ce changement de statut va changer radicalement la face de la société d’origine. De deux petits trains de laminoirs commandés par une machine à vapeur de 50 chevaux, l’entreprise va prendre la forme d’un complexe sidérurgique intégré avec hauts fournaux, fours à puddler, laminoirs, fonderies, ateliers de constructions et dépôts de vente ( à Paris notamment) ainsi qu’un travail fusionnel avec l’approvisionnement en matières premières, des participations actives dans les mines de fer et les charbonnages.
La qualité des produits construits sera indéniable. La poutrelle double T va asseoir la réputation de la société en France. Elle fondera en 1843 et 1865 deux sociétés jumelles en France. La puissance des Forges de la Providence ne s’arrêtera pas là. Elle absorbera également deux autres sociétés à Marchienne-au-pont et à Dampremy.
Avec l’aide des banques dont la Société Générale de Belgique, les Usines de la Providence seront les premières dans le bassin carolo à créer une aciérie en 1893 et à construire en, 1897, une usine à Mrioupol en Ukraine.
La puissance économique ainsi que la Révolution industrielle vont faire exploser l’essor urbain. Cela expliquera l’explosion démographique que cela engendrera. De 896 habitants en 1831, le nombre d’habitants passera les 23 678 en 1930. Un record pour une ville de Belgique.
En 1917, les Allemands vont démanteler l’usine. Il faudra attendre 1922 pour relever l’usine de ses ruines et la reconstruire sur de nouvelles bases. L’expansion et l’absorption d’usines environnantes ainsi que l’acquisition par la Société Générale de Belgique de l’usine vont permettre à la Providence de se replacer au pôle de la production sidérurgique.
Après les années 1950, de profonds bouleversements économiques, la course aux machines les plus performantes ainsi que l’absence de politique sidérurgique belge cohérente et planifiée, le marché sidérurgique verra une bataille entre grands rivaux. En 1965, cette petite usine belge sera devenue un réel groupe industriel comprenant 11 usines, 14600 ouvriers, 2400 employés et agents ainsi que 300 cadres. En 1966, la crise sidérurgique va ébranler l’industrie tout entière. A partir de 1979, les usines de Marchienne-au-Pont vont passer de fusions en fusions.
Les bâtiments des « Rockerill » tout un symbole !
Les bâtiments de l’asbl « Rockerill » sont fortement liés à l’histoire même de Marchienne-au-Pont. En effet, ce sont les bâtiments annexes du laminoir du train 900. Ils sont à l’endroit exact où 179 ans plus tôt naissait le petit site de la Providence ! Quel symbole pour cette réhabilitation !
Datant de 1920, les bâtiments forment un ensemble architectural imposant constitué de 3 anciens ateliers : la forge, la tour à cylindre et la tuyauterie. L’architecture est caractéristique des bâtiments industriels de l’après-guerre. Ce sont des pièces uniques de notre patrimoine car la seconde moitié du XXe siècle, l’architecture industrielle sera synonyme de production à moindre coût laissant en second plan le prestige architectural comme au XIXe siècle.
La forge est percée de 17 fenêtres en plein cintre grillagées. La grande entrée est surmontée de l’emblème de la Providence, gravé dans la pierre bleue : l’oeil de la raison. Cet emblème n’est pas là par hasard car il fait clairement référence à l’appartenance maçonnique du créateur de la Providence en 1832 : Ferdinant Puissant d’Agimont.
L’ancienne loge du contremaître est surmontée d’une peinture murale en l’honneur de Saint-Eloi. Cette peinture est d’époque et est l’une des nombreuses preuves que ce lieu est à lui seul une remontée archéologique incontestable.
Destruction et perte incontestable
Il est clair que garder tout le site est chose inconcevable. A l’heure où le plan Marshall est vu comme le « Messie de la reconversion de la Wallonie », la Providence n’aurait pas pu rester debout. Mais de graves choix irrémédiables du point de vue du patrimoine ont été faits par les politiques de Charleroi.
Les grands bureaux d’une architecture remarquable seront abattus en 1986. Beaucoup d’ouvrages feront référence de ce bâtiment comme » Un intérêt archéologique et architectural incontestable prouvant la grandeur de Charleroi ». C’est une grande perte au niveau du patrimoine car l’édifice était construit autour d’une cour intérieur surmontée d’une verrière en fer forgé. Une beauté sans pareil pour notre paysage mais qui disparaîtra pour laisser place à la ligne de Métro Charleroi-Fontaine. Un réel manque de clairvoyance des politiques de cette époque. Une de plus me direz-vous… Le fronton et l’emblème de la société seront conservés par le Musée de l’industrie dans les années 90 (le sont-ils toujours ?). La grande verrière ira en Allemagne…
Remerciements
Je remercie chaleureusement l’équipe m’ayant accueilli sur le site de la Providence. L’accueil a vraiment été détendu et mon travail, bien qu’amateur, a été respecté. J’y ai eu la chance de rencontrer des personnes intéressées et intéressantes.
Je ne peux qu’encourager de telles initiatives et espère pouvoir revenir au « Rockerill » pour approfondir mon répertoire photographique.
Je salue également Sébastien pour sa présence et ses conseils en matière de photographie.
Source
L’historique des Forges a été grandement inspiré par l’ouvrage : « Le patrimoine industriel de Wallonie », asbl Pierres et sites de Wallonie, Editions du Perron, 1994.
Fonderie Léonard Giot
Accueil > Liste des reportages > Dans l’antre de l’ancienne fonderie Léonard Giot
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En observant la porte principale, je sais que cet endroit naissait d’une architecture bien pensée. Je longe la route, passe devant la vieille enseigne de la fonderie et continue mon chemin vers les entrailles de ce qui reste de Léonard Giot.
L’histoire de cette fonderie est bien sombre. Quelques traces éparses glanent ici et là mais l’histoire complète est bien trouble, presque méconnue. La date la plus lointaine que j’ai pu trouver dans les archives localisées sur le site est de 1939. De plus, lors de l’exposition universelle de Charleroi en 1911, un stand Léonard Giot s’y est tenu également. L’histoire de la fonderie est donc déjà en marche au début du XXe siècle.
Entre 1965 et 1978, divers ateliers vont occuper les locaux Giot et se spécialiser dans la fabrication de pièces de machines en acier. Toute cette activité sera reprise sous le nom de « Usines et aciéries Léonard-Giot ».
Une fois cette date passée, le site Léonard Giot semble avoir été laissé à l’abandon. Par la suite, les bâtiments seront démolis. Subsiste encore les bâtiments en périphérie. L’entrée « officielle » montre une architecture travaillée ainsi qu’un jeu de façade recherché si on prend la peine de nettoyer la crasse qui cache un mélange de couleurs et de matériaux intéressants.
Le site continuera à être menacé jusqu’au début des années 2000. Des groupes de citoyens se mobiliseront pour sauver à leurs yeux ce patrimoine de la région de Charleroi. Un journal belge titrera : « Sauver la fonderie Giot ! »
Le 23 mars 2009, le conseil communal de Charleroi vote une proposition de classement de l’enveloppe extérieur du bâtiment. En effet, il est compréhensible de classer cette structure forte d’une architecture travaillée. La question est de savoir ce que deviendront les bâtiments Léonard Giot dans l’avenir.
Aciérie Allard-Giot
Accueil > Liste des reportages > Tourisme alternatif dans les bureaux administratifs Allard-Giot
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Le bureau administratif de l’aciérie Allard-Giot
Les aciéries Allard-Giot de Marchienne-au-Pont sont une fonderie et une aciérie de moulage début 1900 jusqu’au début des années 80. Du site proprement dit, il ne reste rien depuis la démolition des lieux en 1985. Seul reste le bâtiment administratif, coque entièrement vide représentant l’ultime vestige du passé. Le site est transformé comme bien d’autres friches en une décharge illégale.
La bâtisse devait être de très bonne facture. En regardant convenablement, on prend conscience que la majorité des pièces devaient être bourgeoises. Moulures, grands espaces, bois pour le sol,… Les lieux sont entièrement saccagés et il ne reste plus rien. Seuls trônent trois coffres très lourds qui ricanent aux yeux des explorateurs en tout genre. On peut imaginer ces lieux administratifs, cœur des aciéries Allard-Giot.
C’est le 9 mars 2007 que la Région Wallonne signe un arrêté de destruction des lieux. En effet, les lieux sont hautement pollués de par son passé industriel. Le plan Marshall étant en marche, les aciéries Allard sont devenues une priorité pour la réhabilitation des lieux. Jusqu’en mars 2008, le propriétaire ne veut pas céder les lieux à la Spaque. Une expropriation sera signée le 11 mars 2008 avec comme justificatif : « Utilité publique ». La dépollution va donc commencer sous peu et anéantir ce dernier vestige industriel.
Pour la petite histoire, en 1819, sur la place verte (place Albert Ier) à Charleroi, la place était entourée de piliers en pierres bleues. Ceux-ci étaient reliés par des chaînes pour que les commerçants de l’époque puissent y attacher chevaux et bestiaux lors des marchés.
En 1880, ces piliers seront supprimés et revendus à Mont-Sur-Marchienne qui planta ceux-ci autour de la place communale. En 1940, ces piliers seront enlevés de la place communale pour être placés autour de l’Eglise. 7 bornes seront préservées. Les chapeaux en fonte qui recouvre ces bornes ont été coulés par les usines et aciéries Allard. En marchant, il suffit de lire sur les bornes les vestiges inscrits sur les chapeaux : « Usines Allard ».
L’aciérie Allard coulait également des ancres pour les chantiers navals de wallonie dans les années 1945-1950. La wallonie en comptait une trentaine à cette époque.