chambre noire

Le tirage d’une photographie couleur sous agrandisseur

Vous avez dit  » photographie papier couleur  » ?

L’objectif de ce billet est de servir d’introduction à toutes les personnes qui désirent appréhender le tirage d’une photographie en couleurs.

Il n’abordera pas en profondeur les aspects techniques et ne répondra pas aux questionnements des tireurs investis. Il me semble important d’avoir réalisé quelques tirages noir & blanc pour comprendre au mieux les différentes réflexions proposées.

Je ne serai donc pas exhaustif mais j’essaierai d’aborder d’une manière simple le tirage d’un négatif couleurs.

Je remercie Stéphane Bednarek pour son aide et sa gentillesse dans la réalisation de ce premier billet autour du tirage en laboratoire photographique.

Préparation avant le tirage photographique

Avant le tirage, il convient de bien prendre les mesures de son papier photographique et de préparer son matériel à l’avance. A la grande différence du tirage papier noir et blanc, le tirage d’un négatif couleurs doit s’effectuer dans le noir le plus complet. Dans ce type de processus, la lumière inactinique (lumière rouge) ne peut pas être utilisée car le papier est sensible à tout le spectre colorimétrique.  C’est un peu déroutant au début !

Il est donc essentiel d’être organisé en terme de matériel mais j’irai même plus loin en insistant sur le fait que le tireur doit déjà avoir un objectif clair du point de vue du tirage. Pour se faire, un carnet de route est essentiel dans ce type de démarche.

Il ne faut pas oublier que le tireur sera dans l’obscurité totale. Le photographe Stéphane B. conseille de se créer des points de repères pour faire les bandes d’essais. Cela signifie que lorsque tout le processus sera calé, il faudra bouger au minimum les choses car la suite du travail s’effectuera dans le noir le plus total. Les repères visuels auront donc disparu et toute la manipulation se fera au toucher.

Ci-dessus, la photographie montre la construction d’un gabarit pour effectuer les différents temps d’exposition. La subtilité réside dans l’ingéniosité de Stéphane car il a utilisé le code numérique en braille sur sa plaque pour savoir à quel bout d’essai il se situe lorsqu’il sera plongé dans le noir.

Prise de conscience des objectifs

Le papier photo utilisé est de type RC. Le but du tirage d’une photographie couleurs est de faire apparaître chaque couche colorimétrique individuellement. Pour se faire, nous avons effectué deux travaux différents :

  • L’exposition : combien de temps faudra-t-il pour exposer ma photographie ? Cette étape est identique au tirage noir & blanc.
  • Travailler sur la colorimétrie et les dominantes pour avoir une photographie dans un ton le plus neutre possible ou par rapport à une esthétique finale désirée. Nous jouerons donc sur chaque couche d’une couleur à la fois : magenta et jaune. Nous n’utiliserons pas le cyan.

Le chemin de la réflexion et de l’observation

Comme lors de chaque tirage, il est important de faire la mise au point de la photographie avec un scoponet. C’est une étape incontournable et essentielle. C’est également durant cette phase que les différents recadrages seront effectués : cadrage – mise au point -recadrage et mise au point finale.

Pour ce paragraphe, centrons-nous sur la tête couleurs. Si je pousse le magenta à fond, la photographie devient rouge. Quand je l’enlève, la photographie devient jaune. Une fois le magenta remis à 0, si je pousse le jaune, la photographie deviendra encore plus jaune. Cela est assez logique au final.

Les bandes d’essais

Une fois la mise au point effectuée, comme tout bon tirage, il convient de faire des bandes d’essais. Nous avons effectué des bandes de 4 en 4 secondes. Il est important de connaître son matériel et de ne pas changer tout le temps.

Cela vient avec l’expérience, la prise de note lors des tirages et le temps qu’il devient possible d’estimer le temps des bandes d’essais. Le photographe Stéphane B. insite sur le fait qu’il connaît son matériel en fonction de la taille, du négatif, de l’agrandisseur,…

Cela étant dit, faire des tests et prendre des notes est très important !

La complexité est de mise car si nous décidons d’ajouter du rouge ou du jaune en cours de travail, le temps d’exposition variera. Cela n’est pas nouveau car ce phénomène existe également dans le tirage noir & blanc lorsque l’on change les filtres car ceux-ci deviennent plus denses et cela entraîne une augmentation du temps. Les constructeurs proposent des tables avec des aides pour nous guider dans ces facteurs de correction. Chaque modification d’une couleur va engendrer une modification du temps.

Le défaut que je possède est de vouloir faire une correspondance entre les valeurs de filtres / grades Ilford. C’est un mauvais réflexe à supprimer rapidement. Il n’existe pas vraiment de correspondance à proprement parlé. Pour les valeurs de la couleur, vous trouverez cela chez les constructeurs et chez les fabricants de papier. Lire la documentation fournie est essentiel et reste, pour l’amateur que je suis, une sérieuse base de travail.

 Une fois le temps défini pour l’exposition, la moitié du chemin est parcouru. Il sera maintenant essentiel de bien noter les valeurs en magenta et jaune dans un cahier ainsi que la notation des constatations lors de l’observation de votre tirage final. Cela vous permettra de bien comprendre l’impact des filtres mais vous permettra également une reproductibilité dans le futur sans aucun gaspillage.

Augmentez, diminuez le magenta ou le jaune et observez les effets une fois le papier développé dans les produits.

Le tirage et la prise des notes

Nous allons commencer l’exposition et il faut avoir un filtrage. Pour déterminer un temps, il est impératif d’avoir un filtrage. Il existe différentes écoles mais la norme de base proposée systématique (sauf contre-indication du fabricant) : 60 jaune, 50 de magenta et 0 de cyan.

Lisez tout de même la documentation des fabricants papiers car elle prime sur le reste si vous êtes un tireur amateur.

Quand on se plonge dans la documentation fournie avec le papier Kodak, celui-ci propose de commencer avec 40 magenta et 50 de jaune.

Il est important de tout noter même les choses qui peuvent sembler anodines comme les facteurs de filtres et le résultat. Pour notre exemple, nous avons noté :

  • Facteurs de filtres : 60 jaune, 50 magenta et 0 cyan.
  • Résultat obtenu :  ……
  • Temps : si nous sommes dans les bandes d’essais, je note :  » 4 en 4 secondes ».
  • Focale : F/32

Stéphane B. et moi-même avons une base de travail notée dont nous allons répercuter les réglages sur l’agrandisseur et tirer la photographie.

Le développement dans les bains

Comme cité plus haut, le développement couleurs doit s’effectuer dans le noir complet. Une fois votre papier exposé, nous l’avons inséré dans une cuve comme pour le développement d’un négatif.

Nous avons utilisé un processeur Jobo pour les retournements ainsi que l’insertion des produits spécifiques à la couleur. Je vous invite à consulter les produits dédiés à ce domaine.

  • Révélateur à 38 degrés en  bain-marie. Il va révéler toutes les couches du papier : magenta, jaune et cyan. Le blanc, c’est celui du papier. Cela fonctionne par transparence. Plus le développement est bien réalisé, moins il y a de dominantes, plus on voit apparaître le blanc du papier, plus la photographie est transparente. La durée est de 45 secondes de traitement.
  • Lavage : pour ne pas polluer le blanchiment / fixateur que l’on appelle aussi le « Blix ». Tetenal et Rollei proposent ce principe. Cela a l’avantage de gagner un bain.
  • Le blix : blanchir et fixer en même temps.

Il est impératif que les produits soient à la température indiquée par le fabricant. La température est un élément très important dans le tirage couleurs. Cela se joue au tiers de degré. Les paramètres sont vraiment pointus.

Si cette donnée est prise à la légère, vos photographies seront ratées. C’est une chose que l’on ne voit pas dans le tirage noir & blanc car ici, il y a une donnée en plus qui est la couleur.

Galerie

 

 

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