Une planche-contact légendaire de Diane Arbus où il est intéressant de noter que la célèbre photographie fait partie d’une réflexion posée en 12 clichés. C’est un argument contre la photographie unique et le fait essentiel qu’un photographe doit être sévère dans son éditing.
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Diane Arbus
Pour Diane Arbus, le sujet de la photo est plus important que la photo elle-même.
Les photographes sont des observateurs. Certains sont mystérieux. Ce qui n’est pas le cas de Diane Arbus qui livre, dans ses écrits et carnets, tout ce qui lui vient à la tête.
En 1961, Diane Arbus déclare : « Le monde est plein de personnages de fiction à la recherche de leur histoire. »
Cette artiste aime les paradoxes. Elle met en scène le jardin d’Eden où c’est le serpent qui succombe à la tentation par exemple. Elle est attirée par les excentriques, le siamois, les jumeaux, les fêtes foraines avec leurs tentes des horreurs, nudistes, enfants de familles riches ou aveugles pour ne citer qu’eux.
Ses carnets sont fortement liés à ses créations photographiques. Elle fait énormément de listes. Ses carnets sont une multitude de listes de gens à voir, de projets à réaliser. Diane Arbus pense avec des ensembles et par séries. « Sans liste raisonnable, on ne sait ni quoi ni où photographier. », disait-elle.
La toile de fond de son oeuvre a toujours guidé ses pas que ce soit pour son travail personnel, des contrats avec des magazines ou l’acquisition d’une bourse. Cette toile de fond directrice peut être résumée en ces mots : « Le cours de la vie humaine vers un avenir souvent imprévisible. »
Beaucoup de ses photographies présentent des exemples où les acteurs mis en scène ne choisissent pas leur destinée. En 1961, elle prend en photo des frères siamois morts dans un bocal sous une tente de forains dans le New Jersey. C’est un exemple type de personnages qui n’ont pas choisi leur destin.
Diane Arbus a été fort influencée par Lisette Model qui lui apprend : « Plus on est particulier, plus on est universel. » Ces termes photographiques ont marqué les choix de Diane pour le restant de ses jours.
Diane sait que réussir de bonnes photographies n’est pas une question de technique. Il faut avoir le bon réflexe au bon moment et cela n’est pas donné à tout le monde. Elle disait à qui veut l’entendre : « Rien n’est jamais comme on a dit que c’était. » Elle part du principe qu’il existe des gens qui sont allés au-delà des limites mais qui ont survécu, et leurs portraits nous aident à retracer par où ils étaient passés. Les portraits de Diane sont ceux de gens qui lui rappellent sa propre expérience.
Elle se suicidera en 1971 aux médicaments suite à une forte dépression.
Concept artistique
Diane Arbus est connue pour les photographies montrant des gens étranges, des monstres de cirque ou des siamois tout en présentant un naturel déconcertant. Ses portraits de New-Yorkais, dans la rue ou posés dans un salon bourgeois, ne sont pas non plus dépourvus d’interrogations. C’est aussi cela la force qu’a Diane dans sa conception photographique.
Vers la fin de sa vie, elle sera en recherche de vérité photographique. Faire tomber les masques que la photographie apporte en photographiant des aliénés ou des aveugles qui ne se rendent pas compte de l’image qu’ils renvoient par exemple. Une semaine avant son suicide, elle participe au pic-nique de la Fédération des Handicapés. Elle sait que ses sujets n’ont aucune idée de ce qu’ils font, de comment ils sont vus. Déguisés, masqués, ils n’ont rien à voir avec le regard du photographe sur eux.
En parcourant son oeuvre, on peut remarquer que Diane Arbus aimait les nudistes. Des hommes et des femmes faisant des gestes quotidiens sans être cachés par leurs vêtements. Peut-on faire un parallélisme avec une certaine quête de vérité photographique énoncée plus haut ?