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Daido Moriyama

Ses images aux forts contrastes rejettent la “bonne technique” par des flous, des bougés, des lumières parasites ou la présence du grain.

Homme nomade, Daido Moriyama est un photographe et un auteur fascinant. Né en 1938, ses souvenirs d’enfance sont liés à l’occupation américaine.

Il commence sa vie de photographe en concevant des pochettes d’allumettes pour des bars d’Osaka avant de trouver un emploi dans un studio photo. A Kobe, il fait des portraits-souvenirs de marins et de passagers sur les quais. En 1961, il devient freelance. Vers 1965, Moriyama évolue vers une esthétique de l’instantané.

Ses photographies représentent les côtés les plus sombres de la vie urbaine.  Il piège ce qui se cache derrière la société de consommation.  Il attrape l’envers des paysages éblouissants des villes contemporaines.  Ses œuvres nous rappellent aussi que look urbain est souvent nostalgique.

La revue Provoke

Daido Moriyama sera lié au magazine Provoke qui eut comme cofondateur le photographe Takuma Nakahira, un ami de Moriyama.

Revue trimestrielle, Provoke veut apporter un matériau artistique capable de guider la pensée. Selon les fondateurs, les mots avaient perdu leur sens et la force de décrire la réalité. Ce rôle revenait donc aux photographes qui devaient prendre le relais sur le langage. Les images devaient avoir la priorité et même remplacer le langage.

Les théories artistiques du groupe Provoke ont permis à une nouvelle génération de photographes de rompre avec les conventions.

Moriyama et ses contemporains ont espéré prévoir un temps où les photographies allaient communiquer toutes seules. Bizarrement, celles-ci ont appelées les mots et Moriyama s’est mis à l’écriture !

Regarder le monde sous un autre angle ?

Daido Moriyama aime regarder le monde au niveau du sol ou du point de vue d’un chien par exemple. Il parcoure le japon en voiture pour y photographier le monde à partir de l’intérieur de celle-ci. Ce nouveau point de vue est incertain dans le monde la photographie où la station debout avait la préférence.

La photographie allait devenir une expression personnelle à partir du moment où elle arrivait à sortir des conventions. Les prises de vues se faisaient sans viseur. L’oeil du photographe ne devait pas être en contact avec les conventions de la prise de vue. Daido Moriyama n’était pas un photographe téméraire et il gardait toujours ses distances. Cette distance permet à l’autre d’apparaître à l’instar de lui-même dans ses photographies. Voyeurisme ? Description basée sur la timidité ? Percevoir le monde comme le spectateur d’un rêve ?

La perspective de ses photos suivent la démarche d’un voyeur ou un violeur. Son regard, à partir de la fenêtre d’une voiture en mouvement ou de l’ombre, est celle d’un criminel. C’est le travail de quelqu’un qui parle sans regarder les gens dans les yeux.

En 1980, Moriyama dit : « La plupart de mes instantanées, je les prends en roulant en voiture ou en courant, sans viseur, et de ce fait, on peut dire que je prends des photos plus avec le corps qu’avec les yeux. »

Daido Moriyama se présente comme une nouvelle génération inspirée par Tomatsu Shomei et guidée par ses impressions et ses obsessions.