L’un des axes principaux de cette année reste incontestablement le Mexique à travers la photographie et la vidéo. Cet article ne sera pas du tout exhaustif. Je ne m’étendrai pas sur l’influence et la mise en avant du travail de Gabriel Figueroa en tant que directeur photographique pour le cinéma mexicain.
J’ai également pris le parti d’omettre les réalisations de Graciela Iturbide bien que celle-ci soit considérée comme l’une des photographes mexicaines les plus remarquables du paysage contemporain international.
Je suis certain que les plus curieux d’entre vous ne s’arrêteront pas là et choisiront de parcourir les méandres du net pour découvrir les démarches de ces deux artistes cités précédemment.
Pour introduire cette première partie, je parlerai très succinctement d’un évènement majeur au Mexique. En plus d’une approche contemporaine, l’Espace Van Gogh accueille une exposition très complète sur la révolution mexicaine. D’un point de vue documentaire et autour de divers photographes anonymes ou identifiés, c’est un témoignage visuel mettant en scène une période de l’histoire mexicaine et de personnages mythiques tels que les portraits de Francisco Villa et d’Emiliano Zapata entre 1911 et 1915. Cette exposition regroupe de nouvelles vues de la révolution encore jamais exposées.
Enrique Metinides – Atelier des Forges
Enrique Metinides est mis en avant par un ensemble de témoignages photographiques sous une série nommée « 101 tragédies ». Durant sa longue carrière, il a parcouru les rues, la tristesse, les accidents, le courage des sauveteurs ou la curiosité malsaine des passants. Sa série est un témoignage des drames et faits-divers mexicains : pendaison, meurtre, accident de voiture, amputation ou noyade pour ne citer qu’eux.
De manière personnelle, c’est une réelle froideur qui se dégage de des images. Certaines m’ont déstabilisé ou choqué mais ce qui est certain, c’est que je ne suis pas ressorti indifférent de son exposition même si je n’apprécie pas cette approche presque médicale du malheur d’autrui et de la curiosité dérangeante des badauds.
Dulce Pinzon – Ateliers des Forges
« La véritable histoire des super-héros » est une série qui m’a vraiment fait réfléchir et prendre conscience de personnes oeuvrant au bien être d’autrui dans l’indifférence totale de la société. Autour d’une vingtaine de photographies, Dulce Pinzon va mettre en avant les immigrés mexicain à New York qui sont de véritables héros oubliés. En effet, ceux-ci travaillent de très longues heures dans des conditions très difficiles pour un salaire misérable dans le but d’envoyer de l’argent à leur famille restée au Mexique.
Mis en scène dans des costumes de super-héros dans leur lieu de travail, les photos de ces immigrés latino-américains sont accompagnées d’une légende qui permet au lecteur de prendre conscience de la métaphore visuelle proposée. Un véritable coup de coeur pour ma part sur ces super-héros anonymes mais indispensables à la société.
Daniela Rossell – Ateliers des Forges
La série « Ricas y Famosas » de Daniela Rossell semble si détachée de la réalité dans des poses, des décors et des attitudes travaillées autour d’une certaine luxure emprunt d’une touche à la limite du « kistch » volontaire. En travaillant cette série, elle met en avant le quotidien, l’identité et le monde imagé que s’est créée la nouvelle bourgeoisie mexicaine.
Ces femmes ont accepté de mettre en scène leur richesse tout en acceptant indéniablement l’image véhiculée comme une illusion de leur propre réalité. Cette série veut montrer la manière dont ces femmes veulent réellement vivre dans une sorte de fantasme et de réalité exubérante.
En 1999, Daniela Rossell nous éclaire sur les protagonistes mises en avant : « Ces images dépeignent des scènes actuelles. Les sujets se représentent eux-mêmes. »
Maya Goded – Ateliers des Forges
Avec « Bienvenue à Lipstick » et « Terre de sorcières », Maya Goded plonge le lecteur dans une danse extrême où la femme vit dans une détresse quotidienne. La première série a été réalisée près de la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis dite « zone rouge ». Endroit anarchique où la violence, le sexe et la drogue enfoncent de nombreuses femmes dans une lutte difficile mais obligatoire au maintient de la vie de cette zone.
La seconde série s’est réalisée dans la durée dans le nord du Mexique. Depuis l’invasion espagnole, la religion catholique a envahi ces contrées en changeant les règles spirituelles et sociales du pays. La persécution des femmes dites chamanes soupçonnées de sorcellerie en est une des nombreuses conséquences. Malgré cela, les croyances indigènes restent encore bien présentes dans les campagnes mexicaines. Craintes et respectées, le destin de ces femmes reste toujours l’isolation et l’exil.
Un coup de coeur qui me pousse à m’intéresser de manière plus approfondie à cette photographe courageuse.
Les différentes parties proposées dans ce dossier sur « Les Rencontres d’Arles 2011 »
- Les 42ème Rencontres Photographiques d’Arles : introduction
- La photographie mexicaine mise à l’honneur : partie 1
- Retour sur l’exposition de la célèbre valise mexicaine : partie 2
- 30 ans d’images avec le New York Times Magazines : partie 3
- Manifeste » From Here On ? » ou la nouvelle culture photo ? : partie 4
- Coups de coeur des Rencontres d’Arles 2011 : partie 5
- Podcasts et vidéo autour des Rencontres Photographiques d’Arles : partie 6
Tres bon article. Petit coup de cœur pour le travail de Maya Goded dans ce que tu nous as montré. Et la photo d’Enirique Metinides a été pour moi la plus forte de son exposition, avec sa légende expliquant que cette femme s’etait apprêtée pour une fête, et sortant de chez le coiffeur pour s’y rendre, fut fauchée mortellement par une voiture… Un regard qui m’a glacé le sang.
Merci beaucoup Kris pour ton commentaire. J’ai beaucoup apprécié également le travail de Maya Goded. Si tu te souviens, nous sommes allés voir Iturbide ensemble à l’Espace Van Gogh. A très bientôt !