Exposition de Evgueni Khaldeï au Botanique à Bruxelles
Retour sur l’exposition consacrée au photographe Evgueni Khaldeï au Botanique du 4 novembre au 23 décembre 2010 à Bruxelles
Evgueni Khaldeï est, à n’en pas douter, le Rossenthal de l’Est. Rendu célèbre par sa photographie du drapeau soviétique flottant sur le Reichtag avec en arrière plan un Berlin en ruine, le reste de son œuvre photographique semble avoir été totalement effacé des mémoires par cette icône patriotique.
Heureusement, certains passionnés d’histoire et de photographie ne sont pas restés figer dans le mythe de l’image unique. Le regretté Mark Grosset est de ceux là. Pendant des années, il s’est intéressé à la photographie russe et au travail de Evgueni Khaldeï en particulier, sauvant littéralement de la destruction des centaines de photographies plus précieuses les unes que les autres. Et c’est justement son travail qui rend cette rétrospective, qui se tient au Botanique jusqu’au 23 décembre 2010, si particulière.
Avec un titre : « Evgueni Khaldeï, un photographe sous Staline », les visiteurs pouvaient s’attendre à des tirages monumentaux dignes d’affiches de la propagande communiste. Et non, merveilleusement mis en scène sur des murs noirs avec un éclairage irréprochable (depuis les expositions de Stephan Vanfleteren « Belgicum » et de Cédric Gerbehaye « Congo in Limbo », le Botanique atteint des sommets en terme de mise en valeur des œuvre noir et blanc de grands photographes), ce sont des tirages orignaux qui s’offrent à nous.
Parfois trop contrastés, parfois légèrement délavés ou encore griffés, ces petits tirages souvent effectués par l’agence Tass pour la presse russe se regardent de près. Le nez contre le cadre comme dans un cabinet d’estampes. D’un coup, chaque détail a son importance et on se rend compte de l’irréprochable art du cadrage de Khaldeï.
Se révèle également dans ces images, son profond patriotisme (était-il possible de suivre une autre voie en travaillant comme correspondant pour l’agence Tass ?) toujours intact malgré les pogroms à répétition en Union Soviétique dont lui-même fut victime dès son plus jeune âges et durant toute sa vie. Mais plus qu’un soutien inconditionnel au Soviet Suprême, on retrouve plus dans les images de Khaldeï un attachement sans faille au peuple russe qu’il soit paysan, ouvrier ou défenseur de la liberté.
La photographie est une image fixe que trop souvent on présente hors de son contexte et loin de la subjectivité de son auteur. Cette exposition évite le piège grâce à la projection d’un documentaire de 60 minutes (prévoyez donc une bonne heure et demi pour la visite) signé Marc-Henri Wajnberg. Formidable témoignage filmé où Evgueni Khaldeï et son humour y apparaissent plus vivant que jamais.
Deux séquences sortent du lot. L’une où un militaire ignorant totalement l’œuvre patriotique de la génération précédente tente de faire couper la caméra. Un Evgueni magistral le renvoie avec impertinence dans sa guérite et continue à compter son histoire face caméra.
Une autre séquence nous ramène au commencement, à cette fameuse icône du Reichtag qui perdue sur une planche contact est parcourue par la caméra. On y voit du grain, du flou, un soldat en équilibre instable qui glisse et risque de se tuer un drapeau soviétique à la main.
Informations supplémentaires
Profitez de votre passage au Botanique pour voir gratuitement l’expo We are all Crazy, chronique visuel de 4 photographes sur la disparition annoncée du village de Doel. Les images 6×7 couleur de Isabelle Pateer sortent du lot ainsi que les clichés au noir profond de Frédéric Pauwels, Lauréat du Prix du Patrimoine du 16e prix National Photographie Ouverte.
Renseignements
Evegeny Khaldei, un photographe sous StalineDroit d’entrée: 5 euros. Au Botanique du 4 novembre au 23 décembre 2010
Centre Culturel de la Communauté Française
Rue Royale, 236
1210 Bruxelles
Belgique